Free love, Tessa Hadley, éditions 10/18, 8,60 euros
Fin des années 60, en Angleterre. Phyllis et Roger sont mariés depuis une quinzaine d’années ; Roger est diplomate au Ministère des affaires étrangères tandis que Phyllis supervise l’éducation de leurs deux enfants, Hugh, 10 ans et Colette, 15 ans. Un soir, ils invitent à dîner un jeune homme, Nicky, fils d’une ancienne amie de Roger. La soirée tourne à la comédie de moeurs lorsque Phyllis se retrouve à embrasser le jeune homme. Commence alors une liaison qui ne dit pas son nom, et, au moment des fêtes de Noël, Phyllis plaque tout pour vivre son amour avec ce jeune étudiant sans le sou.
Elle rencontre toute sa bande d’amis, des artistes et des hippies qui changent sa vision du monde. Elle a conscience que sa relation avec Nicky est fragile, mais quand elle tombe enceinte, elle décide d’assumer et d’élever son enfant, seule s’il le faut.
C’est à l’éveil d’une femme que l’on assiste, à l’histoire de sa libération qui se fait doucement, pas à pas, dans une société encore corsetée et normative. Loin d’une banale liaison extra-conjugale au goût de vaudeville, Free Love évoque plutôt le cheminement intérieur d’un être humain qui se questionne et cherche son indépendance, à la manière des personnages d’Alison Lurie, au coeur des années 60.
Euphorie, Elin Cullhed, éditions 10/18, 8,90 euros
Avec ce livre, Elin Cullhed nous retrace la vie de la poétesse américaine Sylvia Plath, dans ce qui devait être sa dernière année de vie, au tout début des années 60. Après un séjour en hôpital psychiatrique dans sa jeunesse pour dépression, Sylvia a suivi des études à Smith College puis a obtenu une bourse pour étudier en Angleterre, où elle rencontre le poète Ted Hughes. Lorsque l’auteur commence son récit, en 1962, Sylvia, déjà mère de Frieda, 2 ans, et enceinte de son deuxième enfant, décide de s’installer dans la campagne anglaise avec son mari.
Le ciel s’assombrit pour Sylvia lorsqu’un couple d’amis, également poètes, leur rend visite dans le Devon et que Ted tombe sous le charme d’Assia Wevill, dont il fera rapidement sa maîtresse. Il part de plus en plus souvent à Londres pour son travail, délaissant femme et enfants.
Dans ses lettres à sa mère, Sylvia ne tarit pas déloges sur sa vie en campagne et paraît résolument optimiste, alors que dans les faits, elle passe de périodes d’euphorie à des moments d’abattement. Elin Cullhed s’empare de son sujet d’une manière presque viscérale et rentre dans la psyché de Sylvia Plath en s’appropriant son style littéraire, l’éblouissement de sa langue puissante et poétique. Elle nous restitue également ses sautes d’humeurs, ses fulgurances ainsi que ses moments de découragement, qui présagent de son funeste destin. Un roman ample et inspiré.