La petite-fille, Bernard Schlink, Gallimard, 23 euros
Un soir, Kaspar rentre de sa librairie berlinoise et trouve son appartement en grand désordre, sacs de courses à terre, verre renversé, vase en miettes ; il est habitué à ce genre de spectacle car sa femme, Birgit, boit parfois plus que de raison et laisse le foyer partir à la dérive. Mais ce soir-là, il ne la trouve pas, ni dans la chambre, ni dans la petite pièce où elle aimait écrire, et finit par la trouver inanimée dans leur profonde baignoire Art nouveau.
Démuni après ce décès brutal, Kaspar découvre différents textes dans les papiers de sa femme et apprend qu’elle a eu un enfant et l’a abandonné en RDA, avant de s’enfuir à l’Ouest avec lui au début de leur idylle. Dès lors, il n’a de cesse de retrouver la fille de Birgit, comme elle aurait souhaité le faire elle-même. A la suite d’une petite enquête, il rencontre enfin Svenja, dont la vie est radicalement différente de la sienne : mariée à un militant néo-nazi, elle a eu une fille prénommée Sigrun, élevée dans la doctrine “Volkisch”.
Kaspar va alors essayer de nouer un lien avec Sigrun, qu’il considère comme sa petite-fille par alliance, l’invitant chez lui pour de courts séjours où il lui fait découvrir la musique, la littérature et la personnalité de sa grand-mère. Mais peut-il vraiment ouvrir l’esprit de Sigrun et l’éloigner des idées bien arrêtées de ses parents?
Bernard Schlink évoque très justement le couple et la part d’ombre qui subsiste en chacun de nous. Son roman, tout en nuances et subtilité, interroge les liens d’attachement, familiaux ou choisis, ainsi que la question de la transmission.