La vie en fuite, John Boyne, éditions J.C Lattès, 22,90 euros
De nos jours, en 2022. Gretel Fernsby, veuve de plus de 90 ans, n’est pas ravie de voir emménager de nouveaux voisins dans sa résidence du centre de Londres. Alex est un célèbre réalisateur de films et sa femme, Madelyn, s’occupe de leur fils Henry, 9 ans. Tandis que Gretel se lie d’amitié avec la mère et surtout l’enfant, elle comprend vite que cette famille est dysfonctionnelle et qu’elle doit prendre ses distances, si elle veut préserver sa tranquillité et éviter que l’on se penche sur son propre passé.
En effet, Gretel cache de lourds secrets : d’origine allemande, elle a vécu en Pologne pendant la guerre avec ses parents et son frère, mais au moment de la débâcle, sa mère et elle ont dû fuir et se sont installées à Paris, laissant derrière elles des souvenirs traumatiques.
John Boyne entrelace deux époques avec aisance et nous enchante avec le personnage de Gretel, vieille dame indigne qui sait manier l’ironie et ne manque pas de cran. “La vie en fuite” nous livre une réflexion profonde sur le sentiment de culpabilité, qui ronge Gretel, la laissant pleine de regrets mais humaine malgré tout, et nous amène à nous interroger sur ce que nous aurions fait à sa place pendant cette période troublée. Ce n’est pas un énième livre sur la Shoah, mais bien un récit singulier qui éclaire les événements sous un autre angle. Un excellent roman, à lire absolument.