Ce matin-là, Gaëlle Josse, éditions J’ai lu, 7,50 euros
Un matin, Clara, employée d’une société de crédit, ne parvient pas à démarrer sa voiture, et c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase : elle n’en peut plus, elle n’a plus la force de continuer sa vie telle qu’elle est. Elle, si investie et efficace, ne retournera pas à son travail. Bientôt, collègues, amis, amours, tout se délite autour d’elle et elle se retrouve seule face à ce burn-out.
D’une plume simple et juste, Gaëlle Josse nous offre un roman lumineux sur un sujet difficile et très actuel. C’est aussi un hymne à l’amitié à travers la relation entre Clara et Cécile, l’amie des années d’étude, qui l’invite à partager son quotidien en exploitation agricole. Un beau livre sur le sens de la vie, sur ce corps vacillant qui nous oblige à réagir et changer, enfin, de vie.
S’adapter, Clara Dupont-Monod, éditions Le Livre de Poche, 7,70 euros
Ce sont les pierres de la cour qui nous racontent cette histoire, tel un conte contemporain. Au coeur de ce roman, un enfant différent, qui ne parle pas, ne tient pas sa tête droite, ne suit pas des yeux, un enfant qui pulvérise l’unité de la famille ou retisse ses liens autrement. Chacun réagit à sa manière à la naissance de l’enfant : l’aîné entre en fusion avec lui et le protège jusqu’à en oublier sa propre vie ; la cadette l’ignore et couve une colère sourde contre cet élément perturbateur ; quant au petit dernier, il doit vivre avec le fantôme de ce frère tout en ramenant l’harmonie dans la famille.
Un récit raconté et scandé par les voix des trois enfants, qui chacun livrent leur vérité. Un roman intimiste et fort, un texte lumineux.
Où vivaient les gens heureux, Joyce Maynard, éditions 10/18, 9,60 euros
Eleanor, jeune illustratrice de livres pour enfants, s’installe dans une ferme du New Hampshire. Elle rencontre bientôt Cam, qui devient l’homme de sa vie, avec qui elle a trois enfants : Alison, Ursula et Tobie. Le quotidien est doux et harmonieux pour la famille avec cette jeune maman drôle et créative. Jusqu’au jour où un événement va tout faire basculer…
Récit du quotidien, fresque familiale courant des années 80 jusqu’à nos jours, décrivant les écueils des relations parents/enfants, réflexion sur le pardon et l’acceptation, ce livre est tout cela à la fois. “Où vivaient les gens heureux”, c’est l’endroit empli de nostalgie où on a été heureux, en amour comme en famille. Et Joyce Maynard décrit admirablement cet endroit, ou plutôt ce moment, qu’on aime se remémorer, dans un roman très vivant et réconfortant.
La Carte postale, Anne Berest, éditions Le Livre de Poche, 8,90 euros
En 2003, parmi les cartes de voeux qui lui sont adressées, Lélia reçoit une énigmatique carte postale : d’un côté l’Opéra Garnier et de l’autre les prénoms de ses grand-parents, oncle et tante, Ephraïm, Emma, Noémie et Jacques, tous morts dans les camps de concentration. Presque 20 ans après, sa fille, Anne Berest, sur le point d’accoucher, va se reposer chez ses parents et commence à poser des questions à sa mère sur la fameuse carte postale et ces ancêtres dont elle ne sait rien.
C’est ainsi que débute l’enquête menée par Anne Berest afin de retrouver l’auteur de la carte et de raconter l’histoire de ces quatre personnages, ainsi que celle de sa grand-mère Myriam qui ne parlait jamais de sa famille. Ce livre dense et foisonnant retrace le destin d’une famille juive au coeur du XXème siècle, dans une recherche bien menée en deux parties distinctes, d’abord la vie des quatre personnages, mêlée avec celle de l’auteur, puis l’enquête proprement dite. On croise des personnages hauts en couleur et émouvants, comme Noémie, la tante aspirante écrivain, et Lélia, la mère de l’auteur, toujours enveloppée de la fumée de sa cigarette. Une fresque familiale passionnante.