D’Acier de Silvia Avallone, éd.Liana Levi
En face de l’île d’Elbe, nous voici dans la petite ville de Piombino, où se côtoient ouvriers de l’aciérie locale, petits voyous et mères de famille exténuées. C’est dans ce cadre sans promesses que grandissent Anna et Francesca, bientôt 14 ans. Jolies et délurées, elles comptent sur leur amitié inconditionnelle pour affronter la dureté de leur vie et envisager l’avenir.
Mais même leur attachement indéfectible ne les protègera pas des coups du sort…
D’acier, c’est l’aciérie dans laquelle travaillent la plupart des hommes de la Via Stalingrado, cité HLM construite en bordure de mer où gravitent nos personnages ; d’acier, ce sont les conditions de travail qu’ils endurent ; d’acier, ce sont les cœurs de ces gens de conditions modestes qui s’endurcissent ; d’acier, le soleil implacable qui éclaire les scènes de ce roman. Silvia Avallone nous livre un texte dense, mêlant violence du quotidien et aspirations individuelles. Par la finesse de son écriture, elle transcende la vie médiocre de ses personnages et fait naître la grâce dans un paysage désolé.
Le Dîner,Herman Koch, éd. Belfond
Deux frères et leurs épouses se donnent rendez-vous pour diner dans un restaurant branché d’Amsterdam. Service raffiné, produits bio, assiettes quasi vides, nos personnages évoluent dans un environnement passablement chic : il faut dire que Serge, l’un des deux frères, est un homme politique connu, potentiellement « premier ministrable ». Quant à Paul, le narrateur, il est plutôt désabusé et entretient des sentiments mitigés vis-à-vis de ce frère fameux. Ajoutez à cela des conflits de couple rentrés avec les deux épouses, Claire et Babette, et vous obtenez la recette de ce dîner explosif !
Pendant le dîner, on papote, on digresse et on oublie de parler de l’essentiel : leurs fils respectifs, deux adolescents, ont commis un acte atroce.
Du hors d’oeuvre au dessert, chaque chapitre comme chaque plat apparaît comme une scène de film, agrémenté de flash-back qui nous font revivre des épisodes de la vie de Paul et expliquent les relations des deux couples ainsi que leurs enfants.
Jusqu’où aller pour protéger nos enfants ? C’est la question que pose en filigrane ce roman à l’humour grinçant qui interroge nos valeurs morales. Le coup de cœur de l’été !
Betty et ses filles, cathleen schine, editions phebus
Quand son mari lui annonce qu’il la quitte au bout de cinquante ans de mariage pour cause de « différences incompatibles », betty, 75 ans, se retrouve désemparée. Elle se réfugie à Westport, dans un cottage au bord de la mer. Bientôt ses deux filles l’y rejoignent. Annie est divorcée et mère de deux grands enfants ; quant à miranda, agent littéraire, sa carrière est en perte de vitesse. Commence alors une existence en famille, entre femmes, parfois légère et tendre, parfois éprouvante, voire étouffante. Mais bientôt l’amour resurgit dans la vie des deux sœurs.
Un roman à la fois drôle et sensible, qui aborde avec légèreté des sujets parfois graves comme le vieillissement ou la solitude. Des personnages principaux et secondaires (le fameux cousin lou) hauts en couleur et singulièrement attachants, qui nous accompagnent longtemps après qu’on eut refermé le livre.