Gabriële, Anne et Claire Berest, éditions Stock, 21,50 euros
Les deux arrières petites-filles de Gabriële Buffet-Picabia s’emparent du personnage de leur aïeule avec le besoin d’en découdre, de mieux comprendre cette femme singulière dont les quatre enfants et, par extension, leur descendance, n’étaient pas la préoccupation première.
Gabriële se révèle un personnage romanesque à souhait car pétrie d’ambivalences : éprise de liberté mais épouse dévouée à son mari, musicienne qui abandonne la musique, amoureuse intense mais platonique, elle est la muse des artistes qui l’entourent (Picabia, Duchamp, Apollinaire), celle qui influence, théorise, enflamme les consciences et les coeurs.
On suit avec passion les aventures de Gabriële et du couple iconoclaste qu’elle forme avec Picabia dans cette fresque historique qui est à la fois une histoire d’amour fou et une plongée dans le monde de l’art moderne à ses débuts.
La beauté des jours, Claudie Gallay, Actes Sud, 22 euros
Jeanne et Rémy coulent des jours paisibles dans un village près de Lyon. Leurs deux filles, des jumelles, viennent de partir pour l’université. La vie de Jeanne est simple et tranquille entre son travail à la poste, les bons moments avec son amie Suzanne et les dimanches en famille à la ferme. Mais elle cache une nature fantasque et rêveuse qui la pousse à faire d’étranges paris, par exemple suivre des inconnus dans la rue pour voir où leurs pas les mènent.
Bientôt de petits grains de sable se glissent dans les rouages de cette vie routinière : le cadre photo de la performeuse Marina Abramovic tombe et se brise, Jeanne recroise un homme qu’elle a aimé, adolescente, et tout change…
De sa prose épurée et factuelle, Claudie Gallay décrit autant l’ennui que la beauté des jours. Elle évoque admirablement les menus événements du quotidien et les états d’âme de Jeanne, entre son regain de passion pour l’artiste Abramovic et ses doutes sur son couple. Un roman poétique et sans fioritures, qui va droit au coeur comme la beauté simple d’un haïku.