Vie et mort de Sophie Stark, Anna North, éditions Autrement, 22 euros
Voilà un roman atypique qui sait surprendre et harponner son lecteur. A travers le prisme du regard de ses proches (sa petite amie, Alison; son frère, Robbie ; son futur mari, Jacob, et d’autres encore), c’est un portrait en creux de Sophie Stark qui se dessine devant nos yeux. Et c’est bien ce kaléidoscope qui est intéressant car le personnage de Sophie y apparaît dans toutes ses nuances et ses paradoxes : de la jeune fille timide, voire socialement inadaptée, on passe à la star du cinéma underground et enfin à l’artiste déterminée mais torturée.
Anna North explore la question de l’inspiration et de l’aspect vampirisant que peut revêtir le travail de l’artiste ; elle met également en exergue la figure de l’artiste lui-même, reflet de la société qu’il dénonce. Le personnage de Sophie laisse une empreinte forte sur les personnes qu’elle rencontre et son ascension semble sans limites, mais le revers de la médaille nous montre une personne qui n’a pas de consistance réelle et semble se nourrir des expériences intimes de ses semblables, une personne pleine de failles et de fragilité, qui ne parvient pas à créer un lien avec les autres hormis à travers son art.
Ainsi Sophie Stark est un personnage à la fois fascinant (comme peut l’être une oeuvre d’art) et répulsif par son manque flagrant d’empathie, qui nous hérisse parfois au cours du récit. Variations autour de la figure de l’artiste contemporain, “Vie et mort de Sophie Stark” se lit comme une enquête. Captivant.