La fille du train, Paula Hawkins, éditions Sonatine, 21 euros
Ce livre a quelque chose d’entêtant, de récurrent, qui nous prend peu à peu dans ses filets, à la manière de son élément central, ce train de banlieue qu’emprunte chaque jour Rachel, à 8h04 le matin et 17h56 l’après-midi. Chaque jour, assise au même endroit mais pas toujours dans les mêmes dispositions, elle observe une jolie maison en contrebas et le couple qui l’habite, inventant leur quotidien, échafaudant des scénarios… jusqu’au jour où elle aperçoit un autre homme à la fenêtre. Le couple qu’elle imaginait parfait se fissure alors, d’autant plus que dans les jours qui suivent, les journaux annoncent la mystérieuse disparition de la jeune femme.
A partir d’un personnage ordinaire (cette “fille du train” un brin voyeuse qui s’invente des histoires, cela pourrait être nous), Paula Hawkins construit une intrigue redoutable, cocktail détonant mêlant amours déçues, désir d’enfant, recherche d’une certaine norme ou d’un idéal inaccessible. Ce livre est déjà un classique du thriller : à la manière des policiers d’Agatha Christie, il interroge notre propre recherche de la norme et du bonheur standardisé, en mettant en scène une héroïne un peu déchue, un peu paumée, qui nous entraîne dans le brouillard de ses propres sensations jusqu’à un dénouement imprévisible.
Un coup de maître.