Vibrer
Avec les personnages féminins d’Henning Mankell dont nous partageons les émois et les épreuves. Elna et Vivi sont correspondantes depuis le primaire et partagent leurs joies et leurs peines dans les lettres qu’elles échangent. C’est à l’été 1941, à 17 ans, qu’elles se rencontrent enfin en organisant une escapade à vélo le long de la frontière avec la Norvège, alors occupée par les nazis. L’été de l’aventure et du bonheur, qui charrie tous leurs espoirs de jeunes filles…Mais le rêve tourne court lorsqu’Elna, violée, revient chez elle et se découvre enceinte.
Vingt ans plus tard, Eivor, la fille d’Elna, en conflit avec sa mère, s’enfuit de la maison avec un jeune délinquant. Les deux femmes parviendront-elles à nouer des relations sereines quand la fatalité semble s’acharner sur elles ?
Henning Mankell décrit admirablement les destins tourmentés de ces deux femmes aux prises avec les épreuves de la vie et pose la question de la responsabilité personnelle dans une société suédoise corsetée où il faut lutter pour se faire une place.
Daisy sisters, Henning Mankell, éditions Seuil, 22.50 euros
Se ressourcer
C’est un de ces romans qui n’en sont pas vraiment un : ni roman, ni biographie, ni récit, et en même temps tout cela à la fois, le texte de Rosa Montero possède ce feu que seuls renferment les grands textes. Un texte dans lequel on avance, comme à tâtons, vers l’ “idée ridicule de ne plus jamais te revoir”, qui est l’idée de la perte brutale d’un être cher et de son absence. A travers le personnage de Marie Curie et l’image presque incandescente de la scientifique au visage fermé qui vient de perdre son mari, c’est son propre deuil qu’aborde l’auteur avec beaucoup de pudeur et d’intelligence.
Ce texte, qui devait n’être qu’une préface, devient un récit tissé de réflexions lumineuses et étonnantes sur la vie et les relations humaines, avec des thèmes récurrents qui le jalonnent tels des repères : l’ambition féminine dans une société patriarcale, les injonctions morales culpabilisantes (“#faire ce qu’il faut”) , la force qu’il fallut à Marie Curie pour dépasser tout cela, ainsi que la personnalité de Marie elle-même, le feu couvant sous la glace. Tout cela modèle un récit singulier, ouvert et multiple, qui nous fait réfléchir et nous renvoie à nos propres souffrances.
Un seul bémol à mon goût : les hashtags envahissant le texte qui, s’ils participent de sa singularité, peuvent aussi gêner le déroulement de la lecture.
L’idée ridicule de ne plus jamais te revoir, Rosa Montero, éditions Métailié, 17 euros
Se détendre
Ce n’est peut-être pas un hasard si la couverture de ce livre nous rappelle la série “Desperate Housewives” : mêmes pelouses impeccables, mêmes personnages un poil stéréotypés : Cecilia, meilleure vendeuse Tupperware devant l’éternel, toujours sous contrôle, Tess, mère quadragénaire en pleine crise sentimentale (son mari est tombé amoureux de sa cousine) et Rachel, grand-mère que la vie n’a pas épargné et qui se désole de voir son petit-fils s’envoler bientôt pour New York.
Avec ces personnages qui nous semblent déjà familiers et à partir d’un canevas de base assez simple, (Cecilia trouve dans le grenier une lettre de son mari portant la mention ” A n’ouvrir qu’après ma mort”), Liane Moriarty développe une intrigue redoutablement efficace, qui nous accroche et nous tient en haleine -malgré les réserves de départ . Au fil des événements, ses personnages se révèlent plus subtils qu’il n’y paraît, un peu à l’étroit et englués dans leur propre peau mais terriblement humains. Les rebondissements ne manquent pas jusqu’au dénouement qui se joue de nos certitudes.
Une lecture parfaite pour les vacances, à lire sur votre serviette!
Le secret du mari, Liane Moriarty, Albin Michel, 21.50 euros