Une vie à soi, Laurence Tardieu, éditions Flammarion, 18 euros
Cela pourrait être la complainte d’une pauvre petite fille riche, devenue adulte et quelque peu déclassée ; cela pourrait être un énième roman d’autofiction nombriliste à la française. C’est beaucoup plus que cela : c’est un de ces livres qui viennent à vous à pas de loup, puis vous étreignent sans crier gare et vous accompagnent pour longtemps.
Laurence Tardieu nous raconte cet automne 2011 où, en proie au doute et à la tristesse, elle pousse la porte de l’exposition Diane Arbus au musée du Jeu de Paume et reste “saisie” par l’oeuvre de la photographe. Se renseignant sur l’artiste, elle réalise que son existence fait singulièrement écho à la sienne : une enfance choyée mais recluse, un désir impérieux de créer qui se confond avec celui de vivre, et d’étranges parallélismes : deux enfants, deux filles, la séparation d’avec le conjoint à 36 ans, les ruptures familiales…Laurence Tardieu nous parle de Diane Arbus, de sa fureur de vivre, de sa part d’ombre ; Laurence Tardieu nous parle d’elle, de son enfance, de sa famille, de sa quête personnelle à travers l’écriture.
De ces fragments rassemblés naît un roman dont la simplicité touche au coeur. L’auteur décrit admirablement l’intime et nous offre aussi un roman empli d’images qui, comme les photos de Diane Arbus, nous accompagnent encore lorsqu’on referme le livre : les trottoirs des avenues du XVIème arrondissement bordés de marronniers, un salon ensoleillé aux rideaux jaunes, l’ombre d’un éditeur à la démarche de chat (belle évocation du regretté Jean-Marc Roberts).
Un roman juste et sensible, à lire, à parcourir, à conseiller.