Charlotte, David Foenkinos, Gallimard, 18.50euros
Oubliez ce que vous connaissez de David Foenkinos : ses romans contemporains, chroniques douces-amères de la vie de couple, son ton ironique et tendre, son image d’écrivain consensuel.
Avec “Charlotte”, c’est un autre Foenkinos que nous découvrons, un auteur envoûté par l’oeuvre de la peintre Charlotte Salomon et “hanté” par l’histoire de sa vie qu’il lui faut retranscrire. Le texte, fait de phrases simples et courtes, se déroule tel une litanie en hommage au personnage de Charlotte, jeune fille dont le destin familial est jalonné de drames (le premier est le suicide de sa tante, dont elle porte le nom).
Au fur et à mesure du récit et des épreuves auxquelles elle est confrontée, Charlotte, jeune fille réservée et assez froide, devient une figure opiniâtre, sorte de jeune antigone dont l’art est “toute la vie”. Foenkinos, subjugué par le talent de l’artiste, suscite l’empathie du lecteur d’une façon très progressive tout au long du texte. Ainsi, le roman bénéficie d’une belle montée en puissance et célèbre la force de vie et la volonté de transmettre de la jeune Charlotte.
Un texte épuré, comme dans l’urgence, qui se lit d’une traite. Foenkinos n’est plus seulement l’auteur, il est le témoin du destin sacrifié de Charlotte (elle mourra dans un camps de concentration, alors enceinte de son premier enfant), la voix qui parvient jusqu’à nous pour nous transmettre le sens de son oeuvre. Magistral.