Jours toxiques, Roxana Robinson, éditions 10/18, 9.60 euros
Le superbe roman de Roxana Robinson enfin en poche! Nous avions beaucoup apprécié sa lecture lors de sa sortie en grand format en 2010, malgré un sujet dur pouvant paraître rebutant, de prime abord : la dépendance à l’héroïne d’un fils et le combat d’une mère pour sortir le jeune homme de cet enfer. Mais au-delà du sujet, l’auteur a l’art de peindre les sentiments de chacun de ses personnages d’une manière subtile et pleine de sensibilité qui nous va droit au coeur.
D’une écriture précise et ciselée, l’auteur nous décrit le week-end organisé par Julia, femme de 50 ans divorcée, artiste et professeur d’art à New-York, qui a invité ses parents et ses enfants à se réunir dans la maison familiale du Maine. Entre le patriarche despotique, éminent neurochirurgien à la retraite, la grand-mère toujours d’humeur égale mais qui perd inexorablement la mémoire et les deux fils, dont l’un essaye de cacher la dépendance maladive de l’autre, le tableau de famille vire vite au drame lorsque le secret de Jack éclate au grand jour. Dès lors, ces quelques jours de vacances se transforment en huis-clos familial où souvenirs, regrets et ressentiments remontent à la surface…
L’auteur donne la parole, tour à tour, à chacun de ses personnages et c’est ce qui rend le roman profondément attachant puisqu’il nous met au centre du ressenti de chacun, révélant ainsi la grande solitude des personnages et un profond sentiment d’incommunicabilité entre les êtres, même (et surtout?) les plus proches. Un très beau roman.
Easter Parade, Richard Yates, éditions Pavillons poche, 10 euros
De lui, nous avions déjà lu et aimé “La fenêtre Panoramique” (adapté au cinéma sous le titre “les noces rebelles”, de Sam Mendès) ; dans “Easter Parade”, on retrouve les thèmes chers à Richard Yates : les espoirs et aspirations déçus, une certaine peinture de l’amérique normative avec ses pavillons proprets de banlieue, la description de ces vies gâchées, de ce quotidien qui pourrait être le nôtre… C’est un miroir que nous tend Richard Yates, celui d’une société contemporaine sans but où l’individu tente de contrôler son destin.
Voici les trajectoires croisées de deux soeurs nées dans les années 30, filles d’un couple divorcé, ballottées d’une ville à l’autre par une mère instable. Sarah, l’aînée, très complice avec son père, jolie et populaire, se marie assez tôt avec un bon parti des environs avec qui elle fonde une famille ; leur union, qui se déroule lors de l'”Easter Parade” (la parade de printemps) semble leur promettre un avenir radieux. Quant à Emily, la cadette, elle choisit la voie des études et obtient une bourse à Barnard, puis accède à la vie active.
Richard Yates sonde les destins de ces deux femmes de son regard ironique et sans complaisance, mais aussi empreint d’empathie et d’une grande humanité. Le portrait d’une époque révolue, mais des thèmes qui restent intemporels, portés par une écriture toujours juste. Superbe.