« Une année studieuse », de Anne Wiazemsky, Gallimard
« Une année studieuse », c’est celle que va vivre la narratrice, jeune fille presque ordinaire au milieu des années 60 et qui vient de rater son bac. Petite-fille de François Mauriac, Anne Wiazemsky envoie cette année-là une lettre enthousiaste au cinéaste Jean-Luc Godard à propos de son dernier film, qui l’a touché. Avec la fougue de la jeunesse, elle lui écrit qu’elle a aimé son film, et qu’elle l’aime, lui.
« Avais-je mesuré la portée de ces mots ? » se questionne -t-elle à présent.
C’est le début d’une idylle passionnée entre la jeune fille, 20 ans à peine, et le cinéaste, de 17 ans son aîné. Nous sommes avant 1968 et cette liaison fait scandale dans la famille d’Anne. Celle-ci repasse les épreuves du bac avec succès et devient étudiante en philosophie à l’université de Nanterre. Elle découvre à la fois l’indépendance et le premier sentiment amoureux, difficile à vivre d’autant plus que sa famille y est opposée et que Godard se révèle un amoureux exclusif et jaloux.
Récit plus que roman, « Une année studieuse » nous enmène au coeur des années 60, dans la france conservatrice et assez hypocrite d’avant 68. C’est une histoire singulière, celle de la petite-fille de Mauriac qui vit dans un milieu bourgeois protégé et du grand cinéaste Godard, une histoire où l’on croise le tout-paris culturel (la rencontre avec daniel cohn-bendit à Nanterre, notamment, est savoureuse, il la poursuit dans la fac sous prétexte de « solidarité des rouquins »!). Mais c’est aussi l’histoire, universelle, de l’apprentissage de la vie, de la découverte de la sexualité et de la relation amoureuse par une jeune fille comme les autres.
Anne Wiazemsky raconte admirablement ses premiers pas dans la vie et nous touche par sa justesse de ton, son écriture simple et sensible. Un bon roman de la rentrée de Janvier !