Vous ne connaissez rien de moi, Julie Héraclès, éditions J-C Lattès, 20,90 euros
Tout le monde connaît ce cliché de Robert Capa, devenu l’emblème de la libération par l’épuration : une jeune femme, le crâne rasé, le front marqué au fer rouge, le visage tourné vers son bébé, qui marche dans les rues de Chartres, entourée d’une foule hostile. Julie Héraclès, chartraine elle-même, s’est penchée sur l’histoire de la fameuse “tondue de Chartres” pour publier son premier roman. Elle y décrit la vie de Simone, jeune femme d’un milieu modeste mais brillante élève (elle aura le bac, ce qui est remarquable à l’époque) qui souhaite sortir de sa condition.
Douée en langue allemande, admiratrice du régime politique nazi et de son führer Hitler, elle se propose en tant qu’interprète dans une administration tenue par l’occupant, puis à la Feldkommandantur. C’est dans ce contexte qu’elle rencontre Otto Weiss, jeune lieutenant responsable de la propagande, qui en civil était bibliothécaire.
Un premier roman prometteur qui impose un ton, celui, gouailleur et effronté, de sa jeune héroïne qui n’a pas la langue dans sa poche. C’est un livre qui suscite la réflexion et donne un nouvel éclairage à cet épisode historique, évitant l’écueil du manichéisme et nous révélant une période trouble, toute en nuances de gris.